Un mémorial en hommage aux Déportés et aux Justes

Modifié le 
11 octobre 2018
Par
Constin

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Samedi 6 octobre 2018, une cérémonie émouvante s’est tenue sur la place du Monument aux Morts de Briançon en présence de 50 personnes, citoyens, élus, représentants des corps constitués, membres du groupe historique du 159e RIA et porte-drapeaux. Tous étaient réunis pour célébrer l’inauguration des travaux d’embellissement de ce lieu de mémoire et d’un monument en hommage aux Déportés et aux Justes.

Honorer la mémoire des Déportés et des Justes

« Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
 »
La voix grave de Jean Ferrat entonnant le poignant « Nuit et Brouillard » a retenti sur la place du Monument aux Morts en ouverture de la cérémonie, suscitant une grande émotion dans l’assistance.
Après l’envoi des couleurs, le conseiller municipal Alain Prorel a décliné l’identité des Déportés et des Justes de Briançon. Puis il a rappelé les faits qui ont justifié l’inscription du nom de ces derniers dans l’allée des Justes de Jérusalem et Paris (voir ci-dessous, Qui étaient les Déportés et les Justes de Briançon ?).
Entourée des trois générations de sa famille rassemblées pour l’occasion, Edith Lepoire a rendu hommage à son père, le docteur François Lepoire, l’un des Justes de la commune. « Nous, ses enfants, n’étions pas au courant de l’aide qu’il avait apportée à des personnes juives. Nous sommes fiers de l’homme qu’il a été ; c’est un honneur de voir son nom figurer sur ce monument. »

 

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Avant de couper le ruban, le sous-préfet et le maire de Briançon ont pris la parole. Gérard Fromm a expliqué que « ce nouvel édifice évoque les camps de concentration à travers leurs sinistres symboles : les pylônes tordus, les barbelés coupés ou arrachés, les lampes blafardes. La création de ce monument relève du devoir de mémoire que nous devons transmettre aux jeunes générations. Il nous faut refuser l'oubli, l'amnésie.
Ce mémorial est aussi un rappel à la période actuelle, troublée par la montée des populismes, qui voit ressurgir des relents racistes et antisémites. C'est aussi pour éviter ces extrémismes que le travail de mémoire doit perdurer. L'espoir dans ce mémorial vient du nom des Justes, de ceux qui, au péril de leur vie se sont engagés, ont sauvé des vies : Qui sauve une vie sauve l'humanité toute entière. Face à la barbarie, la décision d'une seule personne peut changer le cours des choses.
 »
 

 

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Le point sur les travaux

Lors de l’inauguration, le maire de Briançon et Jacques Jalade, adjoint délégué aux commémorations, n’ont pas manqué de féliciter les Services Techniques pour la création du mémorial et la rénovation du square de Verdun.
« Le square de Verdun abrite le Monument aux Morts depuis 1927. Nous nous y réunissons au moins 13 fois par an pour célébrer des commémorations. Ce lieu de mémoire méritait bien une cure de jouvence. »
Entamés à l’automne 2017, achevés à l’été 2018, les travaux ont été entièrement accomplis par les Services Techniques de la Ville. Le square de Verdun a été agrandi et mis en accessibilité, l’espace réservé aux porte-drapeaux a été élargi, le mât d’éclairage public déplacé, les abords du monument végétalisés et plantés de rosiers.

Et un mémorial en hommage aux Déportés et aux Justes a été conçu, dessiné et réalisé par les équipes de la Ville. « Nous bouclerons le 11 novembre prochain quatre années de commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, précise Jacques Jalade. Mais il ne fallait pas oublier pour autant la Deuxième Guerre mondiale. La création de ce monument nous a paru essentielle pour perpétuer le travail de mémoire autour de la Déportation, de la Shoah, surtout en ces temps de progression des extrêmes-droites en Europe. »
Le mémorial prend la forme de pylônes vrillés, tendus de fils barbelés et surmontés d’une lampe. Une évocation saisissante des camps de concentration portant inscription du nom des Déportés et des Justes de Briançon.
 

 

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Qui étaient les Déportés et les Justes de Briançon ? 

Les Déportés
Biet Georges, Blanchard Henry, Border Edouard, Buisson Joseph,Chaix Françoise, Deyme Joseph, Fremowitz Alice, Froger René, Hermitte André, Hervieux Eugène, Kouyoumdjian Pierre, Lagere Adrienne (née Davin), Magnani Alvaro, Mahon Joesph, Monet Emile, Mme Mondet (née Fourrat), Moullet Joseph, Rambaud Louis, Robert Jules, Roux Georges, Salvat Odette (née Sylvestre), Tramier René, Violin Auguste
 
Les Justes
Bisserier Germaine dite Jamy, Chaumet Simone, Daurelle Adrien, Lepoire François

  • Germaine Bisserier, dite Jamy, et Simone Chaumet étaient co-directrices d’une maison d’enfants au Fontenil. Ces deux jeunes femmes recueillirent des enfants juifs et s’en occupèrent avec beaucoup de courage et de tendresse. Averties d’un danger de dénonciation, elles les cachèrent dans un chalet de montagne au col de Fanget, dans les Alpes de Haute Provence. Elles sauvèrent Gilbert Allouch, Maxime Allouch, Jean Allouch, François Gelbert, Maurice Wrobel, Charles Wrobel.

 

  • Adrien Daurelle était notaire à Briançon. Etudiant, il avait accompli son stage à Marseille dans l’étude de Maître Gilbert Lévy-Bram. Quand la chasse aux juifs sévit dans la cité phocéenne en 1943, Gilbert Lévy, sa femme et sa petite fille se réfugièrent à Briançon. Adrien Daurelle, très actif dans la résistance, employa Gilbert Lévy sous un faux nom dans son étude et intervint énergiquement pour le faire libérer quand il fut arrêté par la Gestapo. Il hébergea sa fillette chez lui pour la protéger de la typhoïde qu’avait contractée son père. Du 29 août au 6 septembre 1944, quand Briançon fut reconquise par les Allemands, il tint tête aux occupants pour assurer la sécurité de ses protégés juifs. Adrien Daurelle sauva Michèle Berniedac (née Lévy-Bram) et Gilbert Lévy-Bram. 
    Le 7 mars 1999, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Adrien Daurelle le titre de Juste parmi les Nations.

 

  • Le docteur François Lepoire habitait Briançon. Lors de ses études de médecine à Nancy, il s’était lié d’amitié avec Paul Leichtmann, de confession juive. En septembre 1943, François Lepoire lui offrit l’hospitalité, au mépris du danger, car les juifs et les étrangers étaient interdits de séjour dans les régions frontalières. Puis il lui trouva un poste dans une maison de repos « Les Neiges ». En juin 1944, les deux amis prirent le maquis et se battirent contre l’occupant.
    François Lepoire sauva Paul Leichtmann.
    Le 4 octobre 1989, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à François Lepoire le titre de Juste parmi les Nations.  

 

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Les descendants du docteur François Lepoire réunis devant le mémorial en hommage aux Martyrs de la Déportation et aux Justes.

 

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La fille et la petite fille d'Adrien Daurelle devant le mémorial.

 

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