Briançon et la Canebière au diapason grâce au lycée d’Altitude

Modifié le 
5 octobre 2016
Par
Constin

Briançon et Marseille sont au diapason. Depuis quelques jours, le carillon du lycée Thiers résonne tous les 1⁄4 d’heure en simultané sur la Canebière et à la mairie de Briançon. Y compris le dimanche, où tinte la mélodie qu’entendait le jeune élève Marcel Pagnol en 1905. Cette prouesse historique et technologique, on la doit aux acteurs du projet scolaire « Horloges d’Altitude » qui font rayonner le lycée d’Altitude de Briançon au-delà des frontières haut- alpines, de Marseille à Venise.

 

L’appel du campanile

C’est en se promenant dans le centre de Marseille, en 2011, que Denis Vialette repère le campanile du lycée de Thiers. Un appel irrésistible pour ce professeur de technologie du lycée de Briançon, coordinateur du projet « Horloges d’Altitude ». Il frappe à la porte de l’imposant établissement trônant sur la Canebière, demande à visiter le clocher et tombe en arrêt devant la rareté des horloges et la splendeur du panorama ouvert sur Notre-Dame de la Garde. « Le potentiel était considérable », se souvient, l’œil pétillant, ce passionné d’horloges, cloches et cadrans. « Hormis la création d’un carillon en 2003, pour le bicentenaire du lycée, rien n’avait été fait pour valoriser ce trésor horloger. »

Il n’en faut pas plus pour le décider. Il propose au proviseur du lycée Thiers une offre qu’il peut difficilement refuser. « Avec l’aide des agents du lycée Thiers, on a rendu le lieu accessible au public en vue de futures visites patrimoniales. Notre équipe briançonnaise s’est occupée des recherches historiques et technologiques. Le campanile était plongé dans un grand sommeil : deux magnifiques horloges de 1783 et 1914 reposaient dans un coin, les aiguilles des cadrans étaient figées et leur système de rétro-éclairage existait mais il n’avait jamais été mis en service. »

Le chantier redonne vie et lustre à cet écrin, ouvert depuis au public lors des Journées Européennes du Patrimoine. Les travaux sont inaugurés en grande pompe le 29 juin 2013, en présence d’une centaine d’invités : proviseurs, enseignants, agents et amis des lycées Thiers et d’Altitude, ainsi que le député-maire de l’arrondissement Patrick Mennucci et des membres de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille.

 

Les lycéens briançonnais font revivre le « Carillon de Pagnol »

En point d’orgue de la cérémonie d’inauguration, les Briançonnais font tinter un carillon oublié, ressurgi de la mémoire de Marcel Pagnol. Cet illustre élève du lycée Thiers décrit dans Le Temps des Secrets le tintement des cloches qu’il découvre en 1905, le jour de la rentrée, accompagné de son père Joseph : « Je vis un cadran de pendule aussi grand qu’une roue de charrette. Sept heures et demie ! dit Joseph. Elle a sonné au moins quatre fois ! dit Marcel. Non, elle a sonné huit coups pour la demie ! reprit Joseph. C’est un carillon. Quatre coups pour le quart, huit pour la demie, douze pour moins le quart, seize pour l’heure, et naturellement, elle sonne aussi les heures, sur une autre cloche. Ce qui fait qu’à midi, par exemple, elle sonne vingt-huit fois ! »

A partir de cette évocation littéraire, Daniel Fonlupt, passionné d’horlogerie, et Dominique Dion, campaniste, ont étudié les rouages de la vieille horloge pour retrouver le « Carillon de Pagnol », joué depuis tous les dimanches par les cloches du lycée Thiers grâce à la programmation d’une horloge électronique Bodet.

Aux auditeurs émus par cette musique du passé, des élèves briançonnais de 1ère STI2D* et de BTS MS** dévoilent les secrets de la restitution historico-horlogère. Pour ce faire, ils leur présentent une maquette audio-lumineuse confectionnée par leurs soins : une réplique de la façade du campanile du lycée Thiers qui émet tous les 1/4h le même carillon en illuminant les cloches en action. La maquette briançonnaise comme les cloches marseillaises sont pilotées par le même programme installé sur le même modèle d’horloge électronique Bodet, radio- contrôlée par une même antenne depuis le département du Cher.

◄ C’est cette maquette qui est installée depuis quelques jours dans le hall du 3e étage de la mairie de Briançon, après avoir été exposée pendant deux ans à EDSB et un an à la sous-préfecture des Hautes- Alpes. L’aboutissement d’un long périple.

 

Des horloges et des hommes

« Encore une belle aventure humaine, raconte Denis Vialette, pour qui le tic-tac des horloges est un déclic de rencontres. Afin d’en savoir plus sur l’histoire des horloges et le « Carillon de Pagnol », on m’avait recommandé de contacter Louis Roubaud, un professeur retraité qui était la mémoire vivante du lycée Thiers. J’ai reçu signée de sa plume une longue lettre fourmillant de précisions. En l’appelant pour le remercier, je suis tombé sur son fils. Il m’a annoncé que son père avait rendu son dernier souffle peu après avoir écrit la lettre qui m’était destinée. Cette histoire a créé un lien étroit entre son fils Jean-Pierre et notre projet scolaire. »

D’autres rencontres ont émaillé ce projet marseillo-briançonnais, qui se poursuit aujourd’hui encore. « En 2014, 2015 et 2016, on a organisé des visites du clocher du lycée Thiers pour des écoliers marseillais et des lycéens briançonnais. On a aussi associé des élèves du quartier du Panier, et même de Vitrolles, à la composition d’une nouvelle mélodie pour les quatre cloches de Saint-Laurent, à proximité du Mucem. Du lundi au vendredi, à 11h25 précises, les passants peuvent entendre le « Carillon des écoliers ». La transmission est au cœur de notre démarche. »

 

Une belle mise en valeur de Briançon et de son patrimoine

Cette démarche contribue également à la promotion du lycée d’Altitude et de Briançon, dans la cité phocéenne comme à Venise, où d’autres projets semblables sont menés, mobilisant à chaque fois une cohorte d’enseignants, d’élèves, d’agents, d’experts, de collectivités et de partenaires privés.

La même énergie collective est à l’œuvre dans l’autre grand chantier en cours: la valorisation du patrimoine horloger et campanaire de la Collégiale. Avec pour ambition de permettre aux guides- conférenciers de la Ville de proposer dès 2018, pour le tricentenaire de la Collégiale, une visite des coulisses de cet édifice emblématique de Briançon (Ci-contre : Denis Vialette dans un clocher de la Collégiale)

« D’ici là, on peut admirer le remarquable travail, entrepris par Denis Vialette et tous ceux qu’il entraîne dans son sillage, au 3ème étage de la mairie, avec la maquette du lycée Thiers », conclut Jacques Jalade, au nom de la municipalité de Briançon qui soutient activement le projet « Horloges d’Altitude ».

On peut aussi embarquer pour la visite guidée du Patrimoine « A la bonne heure » qui fait halte au lycée d’Altitude à la découverte de l’horloge monumentale de 1911, remise en service grâce à un autre projet passionnant. Prochaines sessions en 2017.

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