Journal de bord des réfugiés à Briançon

Modifié le 
15 novembre 2015
Par
Constin

Jeudi 12 novembre

Matinée

Des journalistes du Dauphine Libéré, d'Alpes et Midi, de D!CI TV et de France 3 sont venus à leur rencontre au foyer des Peupliers pour une conférence de presse à l'initiative de la sous-préfète. Tous les réfugiés ont tenu à y participer. Les traits un peu plus reposés qu'à leur arrivée, ils ont expliqué qu'ils reprenaient peu à peu "confiance en eux et en l'humanité", que l'accueil des Briançonnais les avait touchés. "Ca fait chaud au coeur de voir autant de sourires après les 6 mois passés à Calais, où on était traités comme des animaux". Dix d'entre eux ont fait part de leur souhait de rester en France. "Nous sommes impatients de commencer les cours de français", ont-ils déclaré, comme l'a rapporté l'interprète bénévole présent sur place qui a traduit tous leurs propos de l'arabe littéraire vers notre langue.

Après-midi

Dix des bénévoles s'étant proposé pour enseigner le français aux réfugiés se sont réunis à la MJC pour organiser les premières sessions d'apprentissage, qui démarreront lundi 16 novembre.  "On se concentrera sur la langue orale car nos alphabets sont différents et qu'il faut leur donner rapidement des clés pour se débrouiller dans la vie quotidienne", a précisé Catherine Guigli, élue briançonnaise chargée de la coordination des cours de français. Ils seront dispensés tous les jours, à raison d'1h30 le matin et d'1h30 l'après-midi, avec à chaque fois deux groupes d'une petite dizaine d'élèves. Chaque enseignant pourra alterner cours en salle et découverte de la langue sur le terrain, en se rendant au marché et dans des commerces, en prenant le bus...Jeunes retraités de l'enseignement ou du tourisme, trentenaires actifs issus du monde de l'entreprise ou de la presse, les bénévoles présentent une grande variété de profils. Certains ont déjà fait de l'alphabétisation et de l'humanitaire. Tous sont enthousiastes à l'idée de transmettre et d'échanger avec les réfugiés, qui n' ont pas tous le même niveau d'études. Si l'une des femmes est diplômée d'un master en développement durable, certains ne sont jamais allés à l'école.

 

  •  Mercredi 11 novembre

Douze bénévoles du collectif Pas en Notre Nom Briançon et l'élu briançonnais Jean-Paul Borel sont venus les chercher en voiture dans les foyers où ils résident pour une après-midi de détente et de rencontre dans la plaine des Alberts. Après une partie de foot et de jeux de quilles, ils ont partagé boissons et gâteaux confectionnés par les bénévoles sous un soleil radieux. "Un joyeux  moment d'échange, une parenthèse de tranquillité " s'est réjouie Marie Dorléans, fondatrice du collectif.

  • Mardi 10 novembre

Début des visites médicales à l’hôpital de Briançon, échelonnées tout au long de la semaine. Certains souffrent de séquelles physiques liées aux épreuves traversées.

 

  • Lundi 9  novembre

Ils se sont rendus à la sous-préfecture où la sous-préfète, l’office français de l’immigration et de l’intégration de Marseille et le bureau de la nationalité les ont renseignés sur les demandes d’asile et ont examiné leur situation au cas par cas.

 

  • Dimanche 8 novembre

Ils ont été reçus à la MJC par l’association MAPEmonde pour un premier point sur leur situation sociale et administrative. Des bénévoles du Secours Populaire, du Secours Catholique et de la Croix Rouge leur ont remis des vêtements et ont dressé un premier inventaire de leurs besoins. Pour se comprendre, les uns et les autres ont surtout employé le langage universel du regard et du sourire car très peu de réfugiés parlent l’anglais. La majorité s’exprime en langue arabe littéraire, traduite par des interprètes bénévoles. Quelques-uns ont découvert le marché dominical sous un soleil radieux, accompagnés de citoyens briançonnais.

 

  • Samedi 7 novembre

Fatigués, déboussolés, ils ont été accueillis vers 2h du matin dans les locaux de la protection civile par des citoyens bénévoles et des employés de nombreuses associations  –au premier rang desquelles la MAPEmonde-, par le maire et des élus ainsi que la sous-préfète de Briançon. Des soupes, des jus de fruits, du café les attendaient avant un rapide examen médical et une nuit de sommeil récupératrice dans les foyers l’Epicéa et Les Peupliers. Ces logements, mis à disposition par l’Office Public de l’Habitat des Hautes-Alpes,  étaient inoccupés depuis deux ans.

Bref rappel des faits

Dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 novembre, vers 2 heures du matin, 21 réfugiés ont rejoint Briançon après un long périple en autocar depuis calais.
Orchestrée par la sous-préfecture et la mairie de Briançon, cette démarche d’accueil est coordonnée par le service de la MJC MAPEmonde* avec l’appui de nombreuses associations caritatives, du collectif Pas en Notre Nom Briançon et de citoyens bénévoles. Elle est entièrement financée par l’Etat, qui prend à sa charge tous les frais inhérents à l’accueil des réfugiés. Cette opération solidaire ne se fait donc pas au détriment des Briançonnais en difficulté.  Les citoyens manifestent dans leur ensemble un élan de solidarité exemplaire. Côté logistique, les associations accomplissent un travail remarquable.

Qui sont les réfugiés ?

Ils sont quatre femmes, seize hommes et un enfant, tous âgés de moins de 40 ans. Douze d’entre eux viennent du Soudan, quatre du Tchad, deux d’Erythrée et un couple avec un enfant de cinq ans sont originaires d’Iran. Si chaque parcours est singulier, tous ont fui la violence et la dictature, avant la "jungle" de Calais, jugée « indescriptible » par l’un des accompagnants français venus du Pas-de-Calais.

Et après ?

La durée du séjour des réfugiés n’est pas déterminée. Comme l’a indiqué le maire de Briançon : « Si demain, ils veulent repartir, ils repartent.
Par contre, nous, nous allons leur offrir la possibilité de participer à des activités, qu’elles soient sportives, culturelles, ou linguistiques avec des cours d'apprentissage du français ». Rappelons que le ministère de l’Intérieur a proposé aux migrants qui le souhaitent de s'éloigner de Calais pour des raisons humanitaires afin qu’ils bénéficient de meilleures conditions d'accueil et d’un accompagnement dans leurs procédures liées au séjour et/ou à l’asile le temps que soit traitée leur demande d'asile ou envisagé un retour-réinsertion dans leur pays d'origine.

* Mission d'Accueil des Personnes Etrangères

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